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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 17:11

 

 

Jean M. AUEL, Les Enfants de la terre, T1 à 6

 

 

   Jean M. Auel, Les enfants de la terre T1    Jean M. Auel, Les enfants de la terre T2   Jean M. Auel, Les enfants de la terre T3   

   Jean-M.-Auel--Les-enfants-de-la-terre-T4.jpg   Jean-M.-Auel--Les-enfants-de-la-terre-T5.jpg   Jean-M.-Auel--Les-enfants-de-la-terre-T6.jpg

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

 

Tome 1, Le clan de l'ours des cavernes (The clan of the cave bear)

 

Il y a 35 000 ans, une longue période glaciaire s'achève et la Terre commence à se réchauffer. En ces premiers temps du monde, Ayla, une fillette de cinq ans, échappe à un tremblement de terre et se sort des griffes d'un lion pour se réfugier auprès d'un clan étranger. On l'adopte. Très vite, ses gestes et ses paroles suscitent l'étonnement et l'inquiétude.

 

Tome 2, La vallée des chevaux (The valley of horses)

 

Passés la surprise et l'émerveillement suscités par Ayla, la jeune étrangère aux cheveux blonds qu'ils ont recueillie, les hommes du "clan de l'ours" ont pris peur de ses dons extraordinaires. Maudite et exilée, elle commence un long voyage solitaire, au bout duquel elle rencontrera deux jeunes gens insouciants et aventureux. 

 

Tome 3, Les chasseurs de mammouths (The mammoth hunters)

 

Pendant plusieurs saisons, Ayla et son compagnon Jondalar ont tout partagé. Ensemble ils ont eu peur et froid, et vécu dans une intimité du corps et de l'esprit qui a fait naître en eux un sentiment troublant et inconnu. Le clan des "chasseurs de mammouths" qui les accueille est stupéfait par ce couple de géants blonds aux yeux bleus qui savent monter à cheval et apprivoiser le loup. 

 

Tome 4,  Le grand voyage (The plains of passage)

 

Ayla et Jondalar poursuivent leur traversée des steppes immenses du continent européen, suscitant le trouble et l'effroi sur leur passage. Les peuples rudes qu'ils rencontrent vivent de la chasse et de la cueillette mais n'ont jamais vu d'animaux domestiques. Or, ce couple étrange se déplace à cheval, en compagnie d'un loup apprivoisé. D'où tient-il donc ses pouvoirs ? 

 

Tome 5, Les refuges de pierre (The shelters of stone)

 

Plus tard, des millénaires plus tard, cette région s'appellera le Périgord. C'est là que parviennent enfin Ayla et Jondalar au terme de leur fabuleux voyage. Quand ils atteignent la neuvième caverne, où Jondalar a grandi, l'accueil de la tribu Zelandonii est plutôt mitigé. On se méfie d'Ayla, de son étrange langage, du loup apprivoisé qui l'accompagne et de ces chevaux sur lesquels elle exerce un pouvoir troublant.

 

Tome 6, Le pays des grottes sacrées (The land of painted caves)

 

La Zelandoni, guérisseuse et chef spirituel de la Neuvième Caverne, choisit Ayla pour lui succéder un jour. Pour ce faire, elle doit suivre pendant plusieurs mois la grande prêtresse. Son initiation passe notamment par la visite des nombreuses grottes ornées de la région, l'occasion pour l'apprentie Zelandoni de découvrir des sites magnifiquement décorés, dont elle apprend à comprendre le sens.

 

 

L'auteur :

 

En 1977, alors âgée de quarante ans, l'Américaine Jean M. Auel décide de quitter son emploi, un poste à responsabilité dans une entreprise d'électronique. En attendant d'obtenir un travail plus stimulant, cette mère de cinq enfants se met à écrire une nouvelle consacrée à une femme de la préhistoire. Ainsi naît Ayla, l'héroïne des Enfants de la terre, une saga préhistorique qui s'est à ce jour vendue à plus de 45 millions d'exemplaires à travers le monde.

 

 

Années de publication :

1980 (tome 1), 1982 (tome 2), 1985 (tome 3), 1990 (tome 4), 2002 (tome 5),  2011 (tome 6).

 

 

Premières lignes :

 

"L'enfant nue quitta l'auvent de peaux de bêtes pour courir vers la crique nichée au creux d'un méandre de la petite rivière. Rien, depuis qu'elle était venue au monde, n'avait jamais menacé son refuge et ceux qui le partageaient avec elle." 

 

 


 

 

Mon avis :

 

Pendant des années, j'ai entendu certains de mes proches encenser cette saga préhistorique et insister fréquemment pour qu'à mon tour, je la lise. J'avais jusque là vaillamment résisté, mais c'était sans compter... le chantage. J'ai ainsi dû capituler et me lancer dans cette lecture imposante (près de 4 000 pages !) qui m'a tenue occupée durant les quatre derniers mois.

 

Tout ce préambule pour souligner le fait que je n'ai pas eu, à l'inverse de la plupart des amateurs de ces ouvrages, à attendre jusqu'à dix ou douze ans entre la parution de chaque volume, d'autant que le dernier est justement sorti tout récemment. Cela dit, j'ignore si on peut parler de chance, comme je l'expliquerai par la suite...

 

Pour commencer, je dois reconnaître certaines qualités à l'auteur, la première étant le volume impressionnant de ses recherches, lesquelles ne peuvent être mises en doute. J'admets également que sur des sujets précis, tels que la botanique, la climatologie, la zoologie, l'écologie ou l'artisanat, son implication réelle sous-entend un gigantesque travail de documentation. Elle-même explique d'ailleurs s'être rendue sur des sites de fouilles et avoir fait relire ses textes par des spécialistes.

 

On peut aussi la créditer d'avoir, dès le début de son oeuvre, réhabilité l'image très négative des néandertaliens, lesquels ont longtemps été vus comme des brutes stupides, ce qu'ils n'étaient évidemment pas. Ce message de tolérance et de respect, constamment martelé par l'héroïne, qui a grandi parmi eux, est l'une des leçons à tirer de ces romans.

 

Enfin, j'ai apprécié le discours faisant état de la féminité à cette époque. Ainsi, découvrir le fonctionnement de ces sociétés matriarcales, au sein desquelles les femmes étaient honorées et respectées, où les hommes n'avaient pas encore pris conscience de leur rôle fondamental dans la reproduction, m'a ouvert de nombreuses pistes de réflexion passionnantes.

 

Hélas, j'ai bien peur d'en avoir fini avec les points positifs... Mais avant tout, je dois honnêtement reconnaître que tous les volumes de la saga ne se valent pas. Les trois premiers sont incontestablement les plus intéressants, le quatrième traîne sérieusement en longueur et le cinquième est décevant, ce qui n'est rien à côté du dernier...

 

Mon premier reproche est ce choix de faire s'exprimer les personnages comme vous et moi, avec un vocabulaire et des notions qui semblent totalement anachroniques. Je comprends bien l'intérêt romanesque de cette option, mais elle n'a cessé de me gêner tout au long de la lecture. Ensuite, le mélange entre faits scientifiquement prouvés et pure fiction m'a déplu. Logiquement, tout ce qui touche à l'immatériel ne peut être qu'une invention : les rites religieux, les chants, les danses, les langages, etc. Cette confusion des genres m'a perturbée car je ne pouvais distinguer le vrai du faux.

 

En outre, dans un domaine aussi vaste que la paléoanthropologie, tant de choses restent à découvrir et à comprendre que les théories (voir celle d'Yves Coppens) fluctuent au gré des découvertes. Celles détaillées au début de la saga ayant près de trente ans, il serait étonnant que tout soit encore valable aujourd'hui. Ce manque de rigueur scientifique est donc pour moi rédhibitoire, de même que l'absence de toute bibliographie listant des sources, ou de notes explicatives différenciant les faits établis de l'invention, comme on en trouve chez des auteurs plus sérieux, Paul Harding ou Robert Merle, par exemple.

 

Mon troisième reproche concerne la totale invraisemblance régissant les multiples inventions ayant lieu (comme par hasard) dans un espace-temps très réduit, la quasi-totalité provenant d'Ayla, notre héroïne. Je citerai donc pêle-mêle : les points de suture, l'aiguille, le propulseur, le shampooing (avec des feuilles de saponaire), le briquet (avec des pierres), la luge, sans oublier les lunettes de soleil (à mettre au crédit de son compagnon Jondalar). J'ajoute qu'Ayla, véritable génie préhistorique, sait parler au moins cinq ou six langues (après seulement quelques jours d'apprentissage), et imiter à la perfection les cris des animaux qui l'entourent.

 

Le mot-clé ici est "perfection", puisque les deux héros de ces ouvrages, Ayla et Jondalar, ont été très largement gâtés par la nature (ou, devrais-je dire, par la Mère), au point d'être quasiment exempts de tout défaut. Certes, Ayla ne sait pas chanter et Jondalar fait parfois preuve d'une réelle stupidité quand il s'agit d'identifier ses sentiments ou ceux des autres, mais rien de plus.

 

Hélas, ce manichéisme frappe également les autres personnages : les gentils sont lisses et fades, les méchants, vraiment pas sympas. Il faut aussi souligner un réel paradoxe psychologique au sujet d'Ayla : présentée tout au long de l'oeuvre comme rien moins que la première féministe de l'Humanité, rebelle et libérée, elle demeure pourtant inexplicablement soumise face aux desiderata des hommes.

 

Autre ennui dans chaque tome : l'auteur semble juger indispensable de noyer ses lecteurs sous des flopées de nouveaux personnages secondaires (voire tertiaires), ne nous épargnant aucun de leurs fastidieux liens familiaux, alors qu'on ne les reverra plus par la suite. J'ajoute qu'au sein de chaque groupe, tous les prénoms se ressemblent, nous promettant une belle migraine lorsqu'il s'agit de les différencier (a fortiori quand on lit les ouvrages à plusieurs années de distance) !

 

Je dois également aborder un sujet lassant : l'omniprésence (tomes 1 et 6 exclus) de scènes de sexe entre Ayla et Jondalar, à la fois très détaillées et incroyablement répétitives, de par leur fréquence ET leur contenu (je parle ici de quasi mot à mot). Passée la justification du début (l'apprentissage d'Ayla dans ce domaine), elles s'avèrent bien vite ennuyeuses (même si le choix d'un vocabulaire particulièrement ridicule les rend parfois comiques), totalement gratuites et pour la plupart, inutiles.

 

Du point de vue de l'intrigue, l'auteur néglige inexplicablement d'exploiter plusieurs sujets, pourtant prometteurs : le Clan, dans lequel Ayla est élevée mais qu'on ne reverra plus par la suite, de même que son fils Durc qu'elle y laisse, le mystère de ses propres origines qui ne sera jamais résolu, ses talents de guérisseuse, ignorés dans les deux derniers tomes, et enfin sa fille, dont l'auteur se désintéresse rapidement.

 

Tous ces thèmes auraient pourtant mérité d'être abordés plus longuement, étoffés et développés, au lieu d'être juste effleurés, à la grande déception du lecteur. À l'inverse, la relation amoureuse (à l'eau de rose) entre les deux héros est quant à elle disséquée, délayée, répétée à l'envi. Faite d'hésitations et de malentendus, elle ne m'a pas convaincue, et même lassée par son manque de réalisme.

 

Après avoir évoqué le fond, j'en viens maintenant à la forme, c'est-à-dire au style. J'ai tout de suite été gênée par la façon dont l'auteur a plaqué de longs passages très érudits (à propos de botanique, de climat...) sur la trame de son histoire, sans que les deux soient suffisamment homogénéisés pour que la transition passe inaperçue. Car si la partie savante est de bonne tenue, dès que Jean M. Auel n'a plus recours à une béquille scientifique, la qualité de sa prose baisse. De plus, ses trop longues descriptions tuent le rythme, si bien qu'on finit par les sauter en espérant que l'intrigue avance enfin.

 

Ceci m'amène au problème crucial, à savoir les constantes, usantes et récurrentes répétitions. En effet, il est vraiment pénible, pour qui s'attelle à la lecture de cette saga d'une seule traite, de tomber toutes les dix pages sur des passages entiers reprenant à la lettre des épisodes des tomes précédents. L'auteur semble adorer la technique du copier-coller, laissant à penser qu'elle ne se relit pas d'un livre sur l'autre, sans quoi elle s'apercevrait forcément de la lourdeur de ce procédé.

 

Pourquoi ne pas avoir fait à la place un petit résumé des livres précédents, à l'entame de chaque ouvrage ? Ainsi, ceux qui en avaient besoin auraient eu plaisir à le lire et ceux dans mon cas, à le sauter ! Conséquence de tout ceci, j'ai pour la première fois de ma vie passé des paragraphes entiers et lu des dizaines de pages en diagonale afin d'éviter ce radotage. L'oeuvre souffrant d'un réel manque de concision, l'auteur aurait pu sans problème élaguer répétitions et longueurs, pour n'obtenir finalement que trois ou quatre tomes, largement suffisants.

 

La traduction, de bonne qualité au début du cycle, décline après un changement de personne, participant sans doute à la mauvaise impression d'ensemble. Quant à l'intrigue, elle s'essouffle peu à peu, jusqu'à faire du surplace dès le quatrième tome (un comble, puisqu'il relate un voyage !), et atteint l'apogée de l'insignifiance dans le dernier.

 

L'histoire y est copieusement délayée dans les trois premiers quarts de l'ouvrage (afin de maintenir le volume des formats précédents ?), après quoi l'auteur semble réaliser qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps pour inventer quelques maladroits rebondissements. Celui qui concerne Ayla et Jondalar (aussi ridicule que peu crédible au vu de leur passé commun), déçoit, de même que les intrigues annexes mettant en scène leurs ennemis, subitement et brièvement ressuscités avant de disparaître pour de bon, sans même en avoir tiré parti.

 

Bâclée, la fin est un véritable gâchis, alors que cette fresque méritait tout de même mieux que cela. Ce dernier tome étant vraisemblablement de commande, on sent que l'auteur, maintenant âgée, a surtout voulu contenter son éditeur (et le service marketing) en se contentant de resservir les restes (mal réchauffés) du tome 5... Dommage d'avoir fait patienter son lectorat pendant neuf ans pour un tel résultat !

 

Vous l'aurez compris, je n'ai pas été séduite par cette vision à l'eau de rose de la préhistoire, dont le slogan pourrait être : "Barbara Cartland au pays des mammouths". Pour les amateurs de lecture sur nos lointains ancêtres hominidés, je conseille plutôt le cycle préhistorique de cinq tomes de Pierre Pelot (collaboration scientifique d'Yves Coppens), intitulé Sous le vent du monde, et qui fait référence dans ce domaine.

 

 

 

Ma note :


 

3 étoilesTrois étoiles (sur dix).

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 15:29

 

 

 

Annie PROULX, Brokeback mountain

 

 

 

Annie-Proulx--Brokeback-mountain.jpg

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

Brokeback Mountain : un bout de terre sauvage, hors du temps, dans les plaines du Wyoming. Ennis del Mar et Jack Twist, cow-boys, nomades du désert américain, saisonniers des ranchs, n'ont pas vingt ans. Ils se croisent le temps d'un été. La rencontre est fulgurante. Ni le temps, ni l'espace, ni les non-dits, ni la société n'auront raison de cet amour. Le récit déchirant d'une passion, au cœur des grands espaces américains, ces somptueuses solitudes dont Annie Proulx est sans conteste l'écrivain le plus inspiré dans la littérature américaine contemporaine. Pour Ang Lee, réalisateur du film adapté du livre, Le secret de Brokeback Mountain (Lion d'or 2005 à la Mostra de Venise), c'est "une grande histoire d'amour, une complicité totale et honnête entre deux êtres".

 

 

L'auteur :

 

Annie Proulx, romancière américaine née en 1935, vit dans le Wyoming. Couronnée par le prix Pulitzer et le National Book Award, elle a notamment publié Nœuds et dénouement, Les Crimes de l'accordéon, Un as dans la manche et un recueil de nouvelles, Les pieds dans la boue, dont est extrait Brokeback Mountain.

 

 

Titre original : Brokeback mountain (tiré du recueil de nouvelles Close range : Wyoming stories)

 

 

Année de publication : 1999


 

Premières lignes :

 

"Ennis del Mar se réveille avant cinq heures, le vent secoue la caravane, siffle autour de la porte et des encadrements de fenêtres en aluminium. Les chemises pendues à un clou frémissent légèrement dans le courant d’air. Il se lève, gratte le triangle de poils gris au bas de son ventre, se traîne vers le réchaud à gaz, verse un reste de café dans une casserole en émail écaillé ; la flamme enveloppe la casserole de bleu."


 

 


 

 

Mon avis :

 

N'ayant hélas pas encore eu l'occasion de voir la fameuse adaptation de ce livre, j'avais décidé de commencer par l'original, avant sa version cinématographique. D'habitude, je suis presque toujours déçue par les transpositions littéraires au cinéma, aussi ce sera sans doute la première fois qu'un film ne pourra que surpasser l'oeuvre dont il est issu. Partant avec un a priori pourtant favorable (l'auteur a reçu moult prix prestigieux, de même que le réalisateur), je ne me souviens pas avoir éprouvé autant de frustration et de déception durant toute ma "carrière" de lectrice.

 

Cette petite nouvelle, d'une centaine de pages, est normalement incluse dans un recueil consacré au Wyoming, mais en a été détachée ultérieurement, suite au succès fulgurant de son adaptation cinématographique. Débutant dans le Grand Ouest des années 60, elle dépeint sommairement les relations épisodiques entre deux rudes cow-boys qui se retrouvent seuls chaque année en pleine nature pour garder leurs troupeaux.

 

Certains diraient qu'entre eux naît une histoire d'amour, mais comme l'auteur ne décrit vraiment rien de tel, je n'emploierai donc pas un mot aussi lourd de sens pour ce qui ressemble davantage à une banale aventure sexuelle, purement opportuniste et à la limite du sordide. Quant aux deux "héros", là encore j'ai du mal à leur décerner ce qualificatif, car il leur aurait fallu pour le mériter faire preuve d'un minimum de charisme, or ils sont totalement interchangeables, vides de tout sentiment comme de toute aspérité.

 

Il est ardu pour le lecteur de les différencier, tant leur caractère et leur psychologie sont inexistants, échouant à provoquer le moindre attachement, sans même parler d'un début d'identification. Ce n'est pas parce que ces hommes sont tout sauf sentimentaux et qu'ils ne comprennent ni n'analysent ce qui leur arrive que l'auteur n'aurait pas pu, d'une façon subtile, nous amener à ressentir cette passion à leur place, par le biais de leur mutisme, de leurs non-dits et de leurs silences.

 

Faute de quoi, je suis toujours restée à la marge de cette histoire sans jamais parvenir à m'y impliquer (d'où mon rapide désintérêt), si bien que la fin, pourtant tragique, m'a laissée de marbre, au vu de mon peu d'empathie pour les personnages principaux.

 

En ce qui concerne la construction, cette nouvelle trop brève semble bâclée de bout en bout. Je pense avoir compris le parallèle que l'auteur institue entre son style et le contexte social très fruste de ses héros, mais n'ai pas du tout apprécié l'aspect cru, âpre, heurté et sec de son écriture, brute de décoffrage et finalement, très pauvre. Le fait que ses personnages soient des rustres signifie-t-il donc qu'ils ne méritent pas un peu de subtilité de sa part ?

 

Il semble évident qu'Annie Proulx s'est méfiée comme de la peste de tout ce qui aurait pu l'entraîner vers trop de sentimentalisme, mais le fait qu'elle tombe dans l'excès inverse est tout aussi regrettable, selon moi. Le lecteur, décontenancé, se trouve face à deux manques : d'abord l'absence de chair et de souffle du récit, ensuite le manque cruel de sens, car cette nouvelle est finalement dépourvue de tout message, dénonciation ou revendication. J'ai eu beau chercher un quelconque second degré ou une signification cachée, je n'y ai vu que l'indigence de l'intrigue, des personnages et de la langue.

 

Cet ouvrage a donc été pour moi une source de grande frustration, car avec deux cents pages de plus, du souffle et un peu de finesse, cette histoire aurait pu être une formidable et bouleversante histoire d'amour, au lieu de la version triviale et vulgaire qui nous est donnée ici. Rarement j'ai eu à ce point l'impression de passer à côté d'un livre, et en me basant sur cette seule expérience (et peut-être sur une mauvaise traduction ?), le fait que cet auteur ait reçu le prix Pulitzer me paraît totalement incompréhensible...

 

 

 

Ma note :


 

1 étoile Une étoile (sur dix).

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 16:10

 

 

 

Marie-Cécile PICQUET, Poisons

 

 

Marie-Cecile-Picquet--Poisons.jpg

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

Amiens, 1315. A l'ombre de la cathédrale, tout un peuple s'ébroue, vend, achète, mendie, vole, flâne. A l'image de cette foule bigarrée, l'esprit de la jeune Margault Esternay est en effervescence. Son plus profond désir ? Devenir enfin une femme, même si pour cela elle doit trahir son mari. Inlassablement, le ténébreux Arnoul la poursuit de ses assiduités... Lui cédera-t-elle ? Ou trouvera-t-elle, dans la somptueuse sérénité de la cathédrale, la force d'échapper à la tentation ? Elle l'ignore encore mais les réponses à ces questions ne dépendent plus d'elle. Son propre père, religieux fanatique, conspire à sa perte. Attirée dans le plus diabolique des pièges, elle va perdre sa vertu et son honneur. Pour se venger, Margault n'aura d'autre choix que de devenir la plus honnie des femmes : une sorcière...

 

 

L'auteur :

 

Passionnée par le Moyen Age, Marie-Cécile Picquet a choisi de situer l'histoire de son premier roman dans la région d'Amiens dont elle est originaire. Ancienne attachée de presse aujourd'hui journaliste, elle vit en région parisienne, avec son mari et ses deux enfants.

 

 

Année de publication : 2007


 

 

Premières lignes :

 

"Bien malin qui pourrait deviner devant ce tableau serein l’imminence de l’ouragan qui rôde… L’immobilité du profil tourné vers le ciel est absolue. Un long cou gracile, un teint laiteux éclairé de reflets ambrés par la lumière jouant à travers le parchemin huilé, des cils soyeux qui n’en finissent plus de se courber, de longs cheveux châtain clair chastement torsadés, voilà le doux modèle qui inspire en cette année 1315 Matthieu Esternay, maître imagier, pour sa statue de la Vierge à l’Enfant."


 

 


 

 

Mon avis :

 

Cédant une fois encore à mon goût pour les romans médiévaux, j'attendais beaucoup de celui-ci, qui pour une fois se déroulait en France et non pas en Angleterre, comme nombre d'entre eux (je pense à Ken Follett, ou encore à Paul Doherty). L'histoire, à première vue, semblait alléchante : des aventures et des rebondissements à foison, des personnages originaux, un certain suspens et surtout une base historique, permettant d'apprendre en se divertissant.

 

Hélas, j'ai vite été déçue par tous les ingrédients énumérés ci-dessus : certes, l'intrigue réserve quelques rebondissements, mais ils sont pour la plupart hautement prévisibles par un lecteur un tant soit peu malin, ce qui gâche fatalement le suspens potentiel.

 

Quant aux personnages, ils m'ont paru trop stéréotypés et manichéens pour que je ressente un quelconque attachement à leur égard. Ceci même envers la belle héroïne, dont la naïveté est parfois si confondante que l'on souhaiterait qu'elle ne soit pas la seule à ignorer un danger que l'on a soi-même identifié depuis une vingtaine de pages !

 

Les détails historiques sont certes intéressants (notamment en ce qui concerne la religion), de même que la ville d'Amiens dans laquelle se déroule l'intrigue, mais cela n'a pas suffi à entretenir mon intérêt au fil des pages, au point que je me suis parfois un peu ennuyée dans ma lecture.

 

Pour ce qui est de l'écriture, le livre est correct, sans plus. On peut regretter un réel manque de densité et de corps dans le style, ce qui aurait structuré l'histoire et contribué à gommer l'impression de fadeur ressentie après l'avoir lue.

 

Comme je l'ai déjà expliqué lors d'une précédente critique (voir La dame de Pérouges, d'Alain Larchier), je suis devenue exigeante à force de lire de nombreux ouvrages de ce type. Ce que j'en attends : non seulement d'être bien écrits (avec si possible un vocabulaire adapté), avec une histoire qui se tienne, mais en plus, de solides bases historiques. Autant dire que peu de romans parviennent à réunir autant de critères.

 

Poisons est donc un ouvrage plutôt agréable à lire en dépit de quelques longueurs, mais son manque de caractère fait qu'il est très vite effacé de la mémoire (très sollicitée) du lecteur...

 

 

Ma note :


 

  3 étoilesTrois étoiles (sur dix).

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 08:14

 

 

 

Jon FASMAN, La bibliothèque du géographe

 

 

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Présentation de l'éditeur :

 

Paul Tomm, journaliste débutant, se pique d'élucider la mort mystérieuse de son ancien professeur d'histoire. Mais sa curiosité en contrarie plus d'un... Paul est confronté à des individus prêts à tout pour s'approprier d'inestimables reliques. Quels sont ces étranges objets, malfaisants, occultes, dispersés depuis le XIIe siècle à travers le monde ? Un thriller érudit dans lequel présent et passé mènent une danse endiablée.

 

 

L'auteur :

 

Né en 1975 à Chicago, Jon Fasman a travaillé comme journaliste à Washington, New York, Moscou, Londres. La Bibliothèque du géographe, son premier roman, est déjà traduit en une dizaine de langues.

 

 

Titre original : The geographer's library

 

 

Année de publication : 2005

 

 

Premières lignes :

 

"Chère H,

Je te croyais morte. En tout cas, je ne m'attendais pas à avoir de tes nouvelles."

 

 


 

 

Mon avis :

 

Encore un énième livre surfant sur la vague lucrative de l'occultisme et de l'ésotérisme, thèmes très à la mode depuis la sortie du Da Vinci code. De même, encore un énième livre bénéficiant de critiques élogieuses, vantant notamment sa traduction en une pléthore de langues, gage de qualité apparemment indéniable.

 

Ayant de nombreuses fois déjà été déçue par ce type de "littérature" (voir l'article consacré à L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón), j'étais plus que circonspecte en le commençant, si bien que je dois reconnaître que dans sa médiocrité, il aura au moins réussi à ne pas me décevoir.

 

Qu'obtient-on en mettant dans un bocal une pincée de sciences occultes, un soupçon de verbiage pseudo-scientifique, une bonne louche de construction volontairement déconstruite et un zeste de trame policière ? Après mélange et digestion : un roman boursouflé et prétentieux qui frustre son lecteur.

 

L'intrigue développée ici, à base d'allers et retours artificiels entre le passé et le présent (procédé employé à l'envi, sans doute pour faire moderne, mais surtout pour masquer la faiblesse de l'histoire), part du meurtre d'un enseignant d'université, pour finir sur la piste d'objets mystérieux, convoités par certaines personnes n'hésitant pas à faire place nette pour pouvoir les posséder.

 

Hélas, cette histoire emberlificotée traîne en longueur, mettant ma patience à rude épreuve, d'autant que le héros, par ailleurs apprenti journaliste (clin d'oeil de l'auteur à ses propres débuts ?), ne parvient pas à m'embarquer dans sa quête rocambolesque. Pas d'identification aux personnages, manque de rythme, saupoudrage soi-disant érudit pour épater le lecteur, style banal et sans saveur... bref, de ce pensum vous pouvez donc aisément vous dispenser !

 

Si vous êtes en recherche d'ouvrages mêlant Histoire et aventures (parfois policières), lisez Le nom de la rose (vous comprendrez par la même occasion ce que "roman érudit" veut vraiment dire !), ou dans un genre plus modeste, Jésus vidéo et Le dernier Caton (commenté sur ce blog), ce qui vous épargnera ainsi une lecture fastidieuse et finalement bien décevante.

 

 

Ma note :


 

1 étoileUne étoile (sur dix).

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 14:31

 

 

 

Caleb CARR, Le secrétaire italien

 

 

 

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Présentation de l'éditeur :

 

L'affaire commence lorsque Holmes reçoit un télégramme de son frère Mycroft l'appelant à l'aide. Proche conseiller de la reine Victoria, ce dernier craint pour la vie de la souveraine. Fait étrange, deux de ses serviteurs ont été percés de plus de cinquante coups de poignard, exactement comme le secrétaire italien de Marie Stuart, assassiné trois siècles plus tôt. Il n'en faut pas plus à Holmes et à son fidèle Watson pour accourir sur les lieux du drame et démontrer que la force de déduction vient forcément à bout de l'inextricable quand il s'agit de défendre l'ordre, l'Empire et la reine Victoria !

 

A la demande des héritiers de Conan Doyle, Caleb Carr a imaginé une nouvelle aventure de Sherlock Holmes, qui renoue avec l'atmosphère surnaturelle du Chien des Baskerville. Ni pastiche, ni parodie, un bel hommage au plus célèbre des détectives.

 

 

L'auteur :

 

Né à Manhattan en 1955, Caleb Carr est diplômé d'histoire. Avec L'Aliéniste (Grand Prix de littérature policière 1996) et L'Ange des ténèbres, publiés aux Presses de la Cité, il est devenu un maître du thriller historique, mondialement reconnu.

 

 

Titre original : The italian secretary

 

 

Année de publication : 2005


 

Premières lignes :

 

 

"Le recueil des nombreuses aventures que j’ai entreprises en compagnie de M. Sherlock Holmes ne contient que quelques exemples de ces occasions particulières de servir le pays qu’aucun loyal sujet de ce royaume ne saurait refuser."

 

 


 


Mon avis :

 

Presque dix ans que les fans de Caleb Carr, dont je suis, attendaient la publication d'un nouveau roman de la part du mythique auteur de L'aliéniste et de L'ange des ténèbres. C'est donc avec un a priori plus que favorable que je me suis jetée sur Le secrétaire italien, qui non content d'être écrit par Carr, reprenait, à la demande de la famille de Sir Arthur Conan Doyle, le personnage non moins mythique de Sherlock Holmes. Dire alors que cette lecture fut une déception est en dessous de la réalité, la frustration étant à la mesure de l'attente : immense.

 

Je dois préciser, à mon grand regret, que seule l'atmosphère brumeuse et mystérieuse des paysages écossais est relativement bien rendue dans ce livre, pour tout le reste, c'est un désastre. L'intrigue tout d'abord, inutilement emberlificotée, se révèle bien vite aussi creuse qu'ennuyeuse, si bien que l'on peine à parvenir au dénouement, lequel déçoit également. De même, le choix revendiqué d'avoir recours au surnaturel, en hommage au Chien des Baskerville, ne m'a pas convaincue et en devient plus risible qu'effrayant.

 

Quant aux personnages, si Watson est plutôt bien campé (parfois même tête à claques dans sa suffisance), le héros qui devrait pourtant dominer toute l'oeuvre est curieusement inexistant, comme réduit à jouer les seconds rôles dans sa propre histoire. Peut-être cela provient-il des scrupules de l'auteur, confronté à une telle vache sacrée. Quoi qu'il en soit, le personnage de Holmes semble le mettre mal à l'aise, peut-être aussi par peur de s'aliéner une partie des puristes de Conan Doyle. Mais ce faisant, il perd également les néophytes, vite lassés par ce détective falot.

 

L'écriture et la construction de l'ouvrage ne parviennent pas à sauver l'intrigue, le style de Caleb Carr manquant du souffle et de la densité que l'on serait en droit d'attendre de la narration d'une telle enquête. Le manque de rythme est préjudiciable au suspens, de même que la brièveté du livre l'est à sa qualité : on a l'impression d'un travail bâclé et fini à la hâte.

 

Ceci étant, il semble incroyable que l'auteur de ce livre médiocre soit également celui de L'Aliéniste et de L'ange des ténèbres, deux romans puissants, haletants, extrêmement bien documentés, peuplés de personnages forts et attachants. Deux romans qui vous poursuivent encore, longtemps après leur lecture. On peut en déduire que les oeuvres de commande ne réussissent pas à Caleb Carr, qui s'est trouvé comme écrasé à la perspective de devoir rivaliser avec une institution telle que Sherlock Holmes.

 

Ma frustration vient de ce qu'il aurait pu (même sans révolutionner le genre) mettre son empreinte en recréant un monde très noir, une ambiance poisseuse, des personnages complexes et ambivalents comme il sait si bien le faire. Au lieu de ça, il semble avoir été prisonnier de ses célèbres personnages et des codes qui leur sont attachés, sans  jamais pouvoir se défaire de ces contraintes. Son roman est donc à cette image : respectueux de l'original, mais sans âme.

 

 

Ma note :


 

2 étoilesDeux étoiles (sur dix).

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 14:16

 

 

Jean-Loup CHIFLET, Le coup de Chiflet


 

Jean-Loup-Chiflet--Le-coup-de-Chiflet.jpg

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :

 

Voici enfin le livre que tout le monde attendait : un bric-à-brac qui fourmille d'informations insolites et surprenantes pour réjouir ceux qui savent tout et ceux qui ne savent rien. Vous y trouverez des chiens et des anges, des prémices et des prémisses, du pétrole et des idées... Vous y rencontrerez Salengro et le Soldat inconnu, le père de Shakespeare, Ordralphabetix, les habitants de Saint-Pierre-des-Corps, Sitting Bull et Crazy Horse ; vous vous recueillerez sur la tombe de Marilyn Monroe, vous écouterez Glenn Miller jouer du trombone, vous conduirez la Porsche de James Dean, et vous prendrez le tramway avec les maréchaux d'Empire ! Un étonnant précis de l'inutile indispensable... à moins que ce ne soit le contraire. A vous de juger !


 

L'auteur :

 

Jean-Loup Chiflet est un écrivain et éditeur français. Passionné par les expressions idiomatiques, les nuances, les difficultés grammaticales et les aberrations de la langue française, son objectif consiste à s'instruire en s'amusant, ce qui lui vaut un immense succès depuis des années. Ses livres, pleins d'humour et de finesse, étonnent et enchantent les amoureux de la langue, française ou étrangère.

 

 

Année de publication : 2006

 

 

Premières rubriques :

 

Ils sont à tous les coins de rue

Papa ou Papy

Il faut que "Genèse" se passe !

Avis de recherche

Vieilles branches 

 

 


 

 

Mon avis :

 

Devenues très à la mode grâce à l'excellent ouvrage de Ben Schott (voir article précédent), de nombreux auteurs surfent désormais sur la vague des listes, ce qui est le cas de Jean-Loup Chiflet qui sort son Coup de Chiflet un an après la parution française des Miscellanées de Mr Schott. Hélas pour lui, la comparaison s'arrête là, tant son livre n'atteint pas la qualité et la saveur de son concurrent, et ce à plus d'un titre.

 

Tout d'abord sur le fond, car même si le principe se veut identique, l'originalité des thèmes abordés, voire même leur intérêt,  me semblent ici quelque peu émoussés. Là où Les miscellanées se feuillettent avec gourmandise, Jean-Loup Chiflet liste des informations le plus souvent vaines et pour le coup totalement inutiles, sans ce petit grain de folie et de poésie qui faisait tout le charme de l'ouvrage anglais. Plus ennuyeux, le texte semble avoir été écrit à la hâte et souffre ça et là de quelques fautes d'orthographe, ainsi que d'inexactitudes sur certains sujets.

 

Enfin sur la forme, car l'objet en tant que tel est nettement moins abouti et soigné que celui de Ben Schott, lequel avait pensé son ouvrage dans sa globalité, accordant autant d'attention à la présentation qu'au contenu, ce qui n'est manifestement pas le cas ici.

 

Pour résumer, Le coup de Chiflet sent trop le coup marketing pour me plaire,  on devine qu'il a été calibré et formaté pour coller à une mode, et non pour répondre à une réelle volonté d'innovation de la part de son auteur. Si dans ce domaine Ben Schott a été le précurseur, Jean-Loup Chiflet (dont j'apprécie par ailleurs les autres ouvrages) ne nous sert ici que du (mal) réchauffé.

 

 

Ma note :


 

2 étoilesDeux étoiles (sur dix).


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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 15:14

 

 

Lòrant DEUTSCH, Métronome : L'histoire de France au rythme du métro parisien

 


 

Lorant Deutsch, Métronome 


Présentation de l'éditeur :


Saviez-vous que la Lutèce des origines ne se situait pas sur l'île de la Cité, mais à Nanterre ? Que les derniers combattants gaulois massacrés par les Romains reposent sous la tour Eiffel ? Que les vestiges de la première cathédrale de Paris se trouvent sous le parking d'un immeuble moderne du Ve arrondissement ? Au fil de ses découvertes, Lorànt Deutsch vous emmènera vers ce qui fut le Pont-au-Change, ancêtre de la Bourse, puis chez ce bistrotier qui entasse ses bouteilles dans une cellule de la Bastille sauvée de la destruction, et tout au long des rues où se cachent des trésors que vous ne soupçonniez pas. Une promenade captivante, où défilent les seigneurs alliés comme les princes rebelles, et tout ce qui a forgé le pays. Vous verrez s'ériger des murailles contre l'envahisseur, s'agiter l'Église, s'imposer les marchands, s'ébrouer les artistes, l'Université s'installer sur des ballots de paille place Maubert, le peuple de Paris se soulever - violent, sanglant, emblématique -, et se construire ainsi toute l'histoire de France.

 


L'auteur :


Mozart sur scène dans Amadeus, Jean de La Fontaine au cinéma, impressionnant Jean-Paul Sartre à la télévision, Lorànt Deutsch est un passionné d'Histoire et un amoureux fou de Paris.

 

 

Année de publication : 2009

 

 

Premières lignes :

 

"Un village au bord de la Sarthe, si loin de Paris... C'est là que j'ai passé mon enfance. On s'en échappait parfois, le temps des vacances, pour monter à la capitale et rendre visite à mes grands-parents... Arrivé sur le Périphérique, je guettais au loin les lumières de la ville, fascinantes."


 


 

Mon avis :


Dans cet ouvrage, Lorànt Deutsch choisit certaines stations de métro parisien, qu'il relie géographiquement à des évènements historiques et extrapole ensuite afin de traiter le territoire français dans son ensemble. C'est ainsi que le livre fourmille d'anecdotes plaisantes et parfois méconnues concernant la vie des parisiens au cours des siècles, sans oublier les monuments emblématiques construits (ou détruits) peu à peu.


Nul doute que Lorànt Deutsch soit un passionné d'histoire tentant de transmettre son enthousiasme (communicatif) au plus grand nombre, il fait d'ailleurs ici un bon travail de vulgarisation. Je trouve cependant quelques critiques à adresser à l'ensemble de son projet.


Tout d'abord le fond : même si elle est séduisante, l'idée de choisir des stations de métro pour les faire coller aux propos de l'auteur est un peu artificielle, à tel point qu'on sent parfois qu'il gagnerait à s'en écarter pour s'ouvrir davantage de perspectives, sauf qu'alors, prisonnier de son procédé, il friserait le hors sujet.


Ensuite, la vision historique de Paris livrée ici est certes plaisante, mais souvent trop anecdotique, privilégiant les évènements vus par le petit bout de la lorgnette au détriment de faits d'envergure et qui plus est, solidement avérés.


Ceci nous amène a un autre défaut de ce livre : la manière d'aborder l'histoire y est parfois trop brouillonne et approximative, négligeant toute méthodologie scientifique et avançant même certaines thèses battues en brèche depuis longtemps, voire hasardeuses (la filiation de Jeanne d'Arc).


Enfin pour ce qui est de la forme, c'est-à-dire du style, celui-ci me semble vraiment trop sommaire et la langue trop relâchée, sans oublier la présence de nombreux clichés et lieux communs.


Pour conclure, je suis certaine que Lorànt Deutsch est sincère dans son amour immodéré de l'histoire, et je lui reconnais bien volontiers de réelles qualités de passeur et de vulgarisateur vis-à-vis du grand public, mais son ouvrage manque à mon avis de la tenue  qu'aurait celui d'un véritable historien. Son manque de rigueur, tant dans la construction littéraire que du style, me laisse un peu sur ma faim et la surabondance d'anecdotes finit presque par nuire à l'ensemble.

 

Toutefois, je dois lui reconnaître le mérite d'être parvenu à intéresser le grand public à l'histoire, or rien n'empêche les gens, après avoir lu son ouvrage, d'approfondir leurs connaissances grâce à un autre, plus solide et mieux construit.

 


Ma note :



3 étoilesTrois étoiles (sur dix).

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