Laura INGALLS WILDER, La petite maison dans la prairie, T1 à 8
Présentation de l'éditeur :
Tome 1, La petite maison dans la prairie (Little house in the big woods)
La famille Ingalls (Charles, Caroline et leurs filles Marie, Laura et Carrie) quitte sa petite maison de rondins dans les grands bois du Wisconsin pour tenter sa chance plus à l'Ouest. Après un long voyage en chariot bâché, ils décident de bâtir leur maison au beau milieu d'une immense prairie. Il leur faudra apprivoiser cet environnement et notamment cohabiter avec les Indiens... et les loups.
Tome 2, Au bord du ruisseau (On the banks of Plum Creek)
Laura et sa famille, ayant été expulsés de leur nouvelle terre par le gouvernement, décident de repartir vers l'Ouest. Après un nouveau
périple en chariot, ils vont s'installer dans une curieuse maison, creusée dans la berge d'un ruisseau. C'est là que Laura rencontrera une certaine Nelly Olson...
Tome 3, Sur les rives du lac (By the shores of Silver Lake)
Après un hiver trop rude, la famille Ingalls (qui compte un
nouveau membre en la personne de la petite Grace) est contrainte d'aller s'installer dans le Dakota, où Charles accepte un emploi sur
la ligne de chemin de fer, alors en construction. Tous quittent donc à regret la petite maison au bord du ruisseau pour découvrir la ville...
Tome 4, Un enfant de la terre (Farmer boy)
On suit dans ce volume la jeunesse du futur mari de Laura, Almanzo Wilder, dans les années 1860, au nord de l'état de New York. Fils
d'agriculteurs plutôt aisés, il mène quand même une vie rude, rythmée par les corvées et les travaux des champs.
Tome 5, Un hiver sans fin (The long winter)
Charles Ingalls travaille toujours sur la ligne de chemin de fer et sa famille le suit en ville en prévision de l'hiver. Ce dernier sera exceptionnellement long et rigoureux, obligeant chacun à lutter pour sa survie. C'est alors qu'Almanzo Wilder entre en scène, sauvant la ville piégée en plein blizzard et à court de blé.
Tome 6, La petite ville dans la prairie (Little town on the prairie)
Le temps des beaux jours est revenu pour la famille Ingalls. La petite ville, De Smet, prospère et s'agrandit avec la venue de nouveaux
pionniers dans la plaine du Dakota. Laura étudie en vue de devenir institutrice et travaille après la classe comme couturière afin d'avoir suffisamment d'argent pour envoyer Marie dans une école
pour aveugles.
Tome 7, Ces heureuses années (These happy golden years)
Laura n'a pas 16 ans lorsque son père la conduit en chariot, à des kilomètres de là, pour qu'elle prenne son premier poste d'institutrice dans un hameau isolé. Pour Laura, c'est une nouvelle existence qui commence, loin de chez elle, dans un foyer où règne la violence. Heureusement, Almanzo lui fait la cour, ce qui lui pemet de tenir et ne la laisse pas indifférente...
Tome 8, Les jeunes mariés (The first four years)
Il s'agit du dernier volume autobiographique retranscrit par Laura. Elle y raconte les débuts plus que difficiles de sa nouvelle vie de
femme, durant les quatre premières années de son mariage avec Almanzo. Une petite Rose naîtra de cette union, seul bonheur de ces années bien noires.
L'auteur :
C'est encouragée par sa fille Rose que Laura Ingalls Wilder (1867-1957) se lance dans l'écriture, choisissant sa propre enfance au sein d'une famille de pionniers à la fin du 19e siècle comme sujet de sa série d'ouvrages mondialement connus, La petite maison dans la prairie.
Années de publication : 1932-71
Premières lignes :
"Il y a très longtemps, quand tous les grands-pères et toutes les
grands-mères n'étaient que des petits garçons ou des petites filles, ou même de très petits bébés, s'ils étaient déjà nés, Papa, Maman, Marie, Laura et bébé Carrie quittèrent la petite maison où
ils vivaient, dans les grands bois du Wisconsin."
Mon avis :
Je vais à nouveau (voir ma critique du Petit Nicolas) m'intéresser ici à la littérature pour enfants avec un cycle on ne peut plus classique, à savoir les huit tomes de La petite maison dans la prairie. J'imagine que pour la majorité des gens, ce titre renvoie à une série télévisée interminable et multi diffusée des années 80. Certains en revanche, dont je fais partie, ont peut-être eu la chance de découvrir d'abord les livres et de comprendre ainsi toute leur portée.
En effet, même si cette série pleine de bons sentiments est plutôt agréable à regarder, il faut préciser qu'elle ne dépeint qu'un infime pourcentage des ouvrages, laissant de côté tout ce qui contribue justement à l'exaltation du lecteur : l'évocation des grands espaces, du mode de vie nomade, de la vie en quasi autarcie et de l'esprit aventureux qui animait les pionniers du Grand Ouest américain.
Dans la série, la famille Ingalls se sédentarise rapidement et dès lors, tous les personnages secondaires rencontrés (à part la fameuse Nelly Olson !) et les aventures vécues sont inventées de toutes pièces par les scénaristes. De plus, les histoires se terminent presque toujours bien et certaines manquent parfois de vraisemblance.
Rien de tel dans les souvenirs de jeunesse que Laura Ingalls Wilder a retranscrits. Au fil de la lecture, on se laisse emporter au gré des cahots du chariot bâché dans lequel sa famille se déplace, toujours plus à l'Ouest, son père étant mu par une soif de liberté qui lui rend insupportable la vue de la moindre barrière. Au travers des yeux émerveillés de Laura, on entre de plain-pied au sein d'une famille de pionniers transportant le minimum vital mais quand même capable de tout rebâtir n'importe où, souvent à partir de rien.
Il est fascinant de découvrir leur vie, souvent très dure, basée sur une extrême polyvalence permettant leur auto-suffisance : construire leur maison, leurs outils, cultiver leurs champs, élever leur bétail, fabriquer leurs vêtements... ils savent tout faire et vivent en remarquable harmonie avec la nature, un idéal bien utopique de nos jours...
Lorsqu'ils emménagent en ville, on découvre ces agglomérations poussant comme des champignons au gré des travaux sur la ligne de chemin de fer, ainsi que leur extension progressive. Ces livres offrent également pour qui veut une vision presque ethnographique de la ruralité, de la religion, des moeurs et du système éducatif de cette époque, qui voit cohabiter extrême dénuement et révolutions technologiques (machine à coudre, train, télégraphe...).
Face à ces multiples bouleversements, inutile de dire que l'on s'attache fortement aux membres de cette famille, surtout à Laura, la narratrice, mais également à son père auquel elle voue une réelle adoration. Il faut souligner qu'elle évite les écueils de la mièvrerie et de l'angélisme en ne se donnant pas toujours le beau rôle. Avec honnêteté, elle ne nous cache rien de ses colères, de sa jalousie, de ses peurs et de ses quelques petits accès d'égoïsme, ce qui l'humanise davantage que sa grande soeur Marie, plus lisse de caractère et souvent décrite comme une sorte de sainte.
Toute cette saga est donc fort riche en émotions, en rebondissements mais aussi en humour (dont Charles Ingalls n'était visiblement pas dépourvu), permettant plusieurs niveaux de lecture : les enfants prendront le récit au premier degré et vibreront au gré des aventures, alors que les adultes qui le (re)lisent y verront le témoignage vivant et inestimable d'une période extrêmement rebattue (à travers d'innombrables films, séries, bandes dessinées, romans) qui regagne ici toute sa densité, puisque répétons-le, il s'agit bien d'une histoire vraie.
Quant au style, les livres sont très bien écrits et traduits, dans une langue claire et fluide, de très bonne tenue et d'une grande fraîcheur, aux dialogues bien rythmés et aux descriptions toujours très précises (qu'il s'agisse d'une locomotive ou... d'une robe de bal !).
Je ne peux donc que chaudement recommander une telle lecture aux enfants (et à leurs parents) qui auront la chance de découvrir une saga dépaysante et instructive, véhiculant des valeurs simples mais justes (honnêteté, droiture, respect, ténacité, courage face à l'adversité, générosité), que nous aurions d'ailleurs tout intérêt à remettre au goût du jour...
Ma note :
Sept étoiles (sur dix).